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Avec sa précédente création, Les Femmes de Barbe-Bleue (également aux éd. L'OEil du Prince) - réinterprétation du conte de Perrault -, Lisa Guez mettait en scène cinq comédiennes qui parlaient d'un absent, leur grand amour et leur bourreau.
Le texte, parce que d'une brûlante actualité, a connu un succès important, couronné du prix du festival Impatience et dernièrement joué au théâtre Paris-Villette.
Du point de vue des femmes assassinées, on y regardait comment se déclenche le désir, comment on se prend dans la toile de l'emprise de l'autre, jusqu'à une mise en péril de sa propre identité.
Celui qui s'en alla, c'est l'envers des Femmes de Barbe-Bleue. Cette fois, l'autrice et metteuse en scène travaille sur l'autre part de l'emprise. La figure du manipulateur. Qu'est-ce qui motive un être humain à collectionner et à échafauder les désirs des autres ? Comment est-il lui-même esclave de toutes les projections qu'il suscite ?
À nouveau, le travail d'écriture s'appuie sur les improvisations des comédiens et sur la réinterprétation de deux textes classiques : Les Démons, de Dostoïevski et le conte des frères Grimm, Celui qui s'en alla connaître la peur.
Les personnages du texte de Dostoïevski, leurs enjeux relationnels, permettent une réécriture qui vient appuyer sur l'emprise que chacun a sur les autres. On prend conscience de la complexité de ces relations, que l'on peut être sous emprise tout en manipulant quelqu'un d'autre et que ce cercle vicieux, à force de petites choses qui ne paraissent rien, des mots, des gestes, peu conduire loin, trop loin. -
Elles sont six psychologues dans un centre psychiatrique. Chaque mercredi elles se retrouvent pour le « psychodrame », une thérapie qui consiste à mettre en jeu, en scène, comme des petites scènes de théâtre, ce que leurs patientes ont du mal à dire en séance classique. Le jeu, comme une enquête, permet de déceler les souvenirs enfouis, les traumatismes, les désirs inavoués et de les mettre à distance. Elles croient fermement en cette thérapie demandant trop de moyens humains pour les gestionnaires et menacée d'extinction... Elles tiennent ensemble face aux tempêtes de l'érosion des services hospitaliers, aux tempêtes de leurs vies de femmes, avec les secousses que provoquent en elle le jeu avec les patientes.
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Désobéir ; la tendresse
Julie Berès, Kevin Keiss, Alice Zeniter, Lisa Guez
- L'Oeil Du Prince
- Theatre
- 30 Mars 2023
- 9782351052082
Désobéir.
Nous avons choisi d'interroger de jeunes femmes issues de la première, seconde et troisième générations de l'immigration pour questionner chacune sur son lien à la famille, la religion, l'avenir.
Il y a eu la rencontre déterminante avec 4 jeunes filles de moins de 25 ans, Lou-Adriana Bouziouane, Charmine Fariborzi, Hatice Özer, Séphora Pondi. Chacune a nourri l'écriture du spectacle en apportant sa propre histoire, et à travers elle celle de ces parents.
À travers leurs témoignages, s'entrecroisent des bribes d'aveux, de souvenirs, d'évidentes soumissions, de nostalgies ambivalentes, de révoltes.
Nous aimerions faire entendre la façon dont elles empoignent leurs vies, dans un monde souvent violent où il faut lutter pour tracer sa route.
Chacune à sa manière témoigne d'un NON posé comme acte fondateur. Non aux volontés du père, non face aux injonctions de la société, de la tradition.
Nous souhaitons raconter l'histoire de victoires, de victorieuses, d'obstinées, de désobéissantes.
La Tendresse.
Ce titre La Tendresse, comme Désobéir, contient une ligne souterraine qui agit comme un programme.
Les filles de Désobéir devaient mentir aux autres pour s'affranchir des injonctions de la famille, de la société ou de la tradition.
Les garçons de La Tendresse, eux, ont souvent dû se mentir à eux-mêmes pour appartenir au « groupe des hommes », pour correspondre à la « fabrique du masculin ».
Pourtant, chacun à leur manière, ils ébranlent les assignations d'une identité d'homme fondée sur la performance, la force, la domination de soi et des autres.
En se demandant « comment être un mec bien aujourd'hui ? », ils font bouger les lignes d'une éducation reçue.
Nous postulons avec eux que c'est sans doute dans l'acceptation de sa vulnérabilité, dans l'accès à ses sentiments, dans la revendication d'une égalité de faits entre les hommes et les femmes (plutôt qu'une complémentarité de principes qui reste l'arme du patriarcat) - que réside l'une des clefs de la réinvention de soi.