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Xavier Barral
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Fidèle à ses principes esthétiques et à ses engagements d'acteur environnemental, Sebastião Salgado est aujourd'hui l'un des plus grands noms de la photographie contemporaine.
Depuis plus de cinquante ans, le photographe brésilien parcourt tous les continents sur les traces d'une humanité en pleine mutation. Tout en témoignant des événements majeurs qui ont marqué notre histoire récente - confl its internationaux, famine, exode, exploitation de l'homme par l'homme -, il n'a cessé de nous faire découvrir des territoires vierges et des paysages grandioses. Sa signature est une
iconographie proche du sacré : lyrisme des grands espaces, ciels incandescents, cadrages purs, contrastes saisissants. Ses photographies puissamment construites, aux nuances de blancs, de noirs et de gris nimbées d'une lumière hypnotique, et ses tirages d'une qualité unique ont imposé un style singulier apprécié du plus grand
nombre. La faune et la fl ore, dans leur univers originel, ont toujours tenu une place à part dans son oeuvre. À travers elles, Salgado met en exergue la préciosité de la vie et la préservation de la nature qui lui sont si chères.
Pour la collection Des oiseaux, Sebastião Salgado s'est replongé récemment dans ses imposantes archives afi n de nous révéler des espèces rares - manchots, albatros, pétrels, urubus, toucans, et autres aras - qu'il n'a cessé de photographier, depuis des décennies, sur terre
comme en mer, et dans des contrées reculées, que ce soit en Amazonie, en Antarctique ou en Afrique. Ce livre, qui présente de nombreuses images jamais publiées, est une véritable ode à la beauté de notre planète. -
Maître de la photographie couleur, Harry Gruyaert livre ici " sa " Belgique, pays qu'il sillonne depuis plus de soixante ans.
Flamand de naissance, Gruyaert sait depuis longtemps que sa terre natale est " un endroit visuellement intéressant dans lequel il se passe des choses incongrues ". L'univers chromatique typique du photographe dresse ici le portrait d'une Belgique où le quotidien peut basculer en un instant dans l'étrange. Ces images évoquent parfois des collages surréalistes, mouvement artistique dont les représentants belges étaient fascinés par l'étrangeté de la réalité. Sens du grotesque, du sarcasme, banalité, mais aussi émotion et une certaine tendresse s'esquissent au fil d'images de carnaval, de processions religieuses, de petites localités hérissées de maisons en briques... Les ciels sont souvent bas, les lumières cristallines, les couleurs saturées pour damer le pion au froides atmosphères du nord.
Au fil des pages se déroule un long travelling : la notion de temps semble ici anéantie, l'objectif du photographe saisit la singularité d'une nation, capture un quotidien qui se déploie comme un décor de cinéma hyperréaliste. Éclairages urbains, néons de devanture, regards qui se dérobent derrière les sages rideaux d'habitations de banlieue, passants costumés errants après une fête arrosée, quais de gare plongés dans des matins brumeux, faune de nightclubs déjantée, zones périurbaines aux mornes façades, ports ne dormant jamais, campagnes aux lignes d'horizon infinies, la Belgique de Harry Gruyaert est un condensé de l'art du photographe : une attention extrême aux couleurs et aux lumières qui restitue le caractère fugitif des choses. En contrepoint à ces photographies couleur, quatre portfolios d'images en noir et blanc réalisées dans les années 1970 - protohistoire du photographe - et reproduites sur un papier offset, viennent scander cette immersion visuelle de ce voyage au plat pays. -
Exposition :
Galerie de photographies - Centre Pompidou, Paris
10 septembre-31 décembre 2024
Photographe américaine de renommée internationale, Barbara Crane (1928-2019) a développé une oeuvre plurielle qui s'étend sur plus de soixante ans. Profondément marquée par l'art conceptuel, Crane est fascinée par les potentialités de répétition et de déconstruction de l'information visuelle. Ses images explorent tous les possibles offerts par les techniques du médium photographique : tirages au platine-palladium, épreuves gélatino-argentiques et numériques, tirages instantanés (Polaroid), transferts photographiques... sont organisés en séquences, grilles ou diaporamas. Formée auprès d'Aaron Siskind - maître de l'expressionisme abstrait photographique -, à l'Institute of Design de Chicago dans les années 1960, elle découvre très tôt le travail de Laszló Moholy-Nagy et sa rigueur formelle. Les images de Crane opèrent une synthèse entre la tradition de la straight photography américaine et une sensibilité plus expérimentale, héritée des avant-gardes européennes, typique des enseignements de l'école de Chicago. Crane associe ainsi une liberté totale envers le médium à un perfectionnisme technique qui la démarque de ses contemporains. Son approche photographique de la ville, Chicago en premier lieu, et de ses habitants anonymes en devient particulièrement singulière. Sa curiosité et son goût de l'expérimentation ont guidé sa longue carrière.
Réalisée en partenariat avec l'Estate Barbara Crane (à Chicago), l'exposition présentée au Centre Pompidou sera la première exposition monographique d'envergure consacrée en Europe à cette artiste. Elle réunira plus de 200 photographies, dont une partie est entrée récemment dans les collections du musée. Centrée sur les vingt-cinq premières années de sa carrière, l'exposition réunira certaines de ses oeuvres majeures, dont plusieurs inédites. L'ouvrage qui l'accompagne replacera la production de Crane dans le contexte artistique de son époque et dans l'histoire du médium, à travers deux entretiens, réalisés avec l'artiste dans les dernières années de sa vie, et des essais mis en écho avec une sélection d'oeuvres iconiques et d'autres jamais publiées. Conçu dans la même démarche exploratoire que Crane, ce livre déploira l'univers d'une photographe majeure. -
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Le livre a été pensé non pas comme un catalogue de photographie, mais comme un livre d'artiste qui nous transporte au plus près des sensations que la photographe souhaite faire passer : dureté, calme, vivacité, respiration, force... autant de notions qui se mêlent à la vue de l'animal.
Photographe américaine, française d'adoption, Jane Evelyn
Atwood défend depuis plus de 40 ans une oeuvre photographique
sociale, proche de ses sujets, qui s'intéresse aux laissés pour comptes. Des prostituées aux femmes en prison, elle a exploré de nombreux territoires laissés dans l'ombre, qui demandent un investissement humain total. Dans Horses, Atwood met en lumière pour la première fois un thème qui la porte depuis son enfance, celui de son amour pour les chevaux. Voyageant à travers le monde pour rencontrer ces animaux et les personnes qui s'en occupent, la photographe cherche une nouvelle façon d'exprimer ce lien qui l'unit à eux. Sujet mythique de la photographie, compagnon millénaire de l'Homme, le cheval
est ici le vecteur de nombreux thèmes qui sont chers à Jane Evelyn Atwood : le rapport à l'animal, dans sa physicalité et la représentation de leur force, la liberté des chevaux sauvages qui se meuvent dans les grands espaces difficiles d'accès, le compagnonnage avec le dresseur, ou encore les jeux de lumière qui s'opèrent sur eux et que seule la photographie est capable de rendre. Au-delà du sujet photographique, Atwood s'attache à parler de la présence de l'animal dans notre monde et comment nous vivons avec. D'un point de vue plus large, Horses nous emmène, comme souvent avec elle, dans un territoire aux frontières floues, où il est facile de se perdre et de laisser sa pensée
divaguer. -
Exposition :
Jeu de Paume, Paris
28 septembre 2024-19 janvier 2025
Figure de la photographie américaine contemporaine, Tina Barney entreprend, à la fin des années 1970, de photographier ses proches et amis, issus, comme elle, des classes aisées de la côte Est. Par sa pratique des portraits qu'elle développe dans les années 1980, et en fine observatrice des rituels familiaux, elle va s'intéresser particulièrement aux relations entre les générations, à la question de la transmission, mais aussi aux décors et aux codes vestimentaires. Ses portraits en couleurs de la haute bourgeoisie américaine et européenne - souvent de groupe et de grand format, à la croisée des instantanés familiaux et de tableaux photographiques à la composition millimétrée - regorgent de micro-expressions et tensions visuelles, comme autant de gestes révélateurs d'une sorte de dérèglement qui se cacherait sous la surface des images. Pris dans des contextes plus intimes et généralement invisibles pour le monde extérieur, ses grands formats permettent, par les nombreux détails qui s'y trouvent réunis, de composer autant de récits possibles sur le quotidien de ces riches familles, à la manière des soap opera populaires des années 1980.
Cet ouvrage, qui accompagne la première exposition rétrospective en Europe de l'artiste, présente soixante oeuvres - quintessence de son approche du médium - réalisées de la fin des années 1970 à nos jours. Un essai du commissaire de l'exposition et directeur du Jeu de Paume, Quentin Bajac, viendra compléter cet ensemble photographique, ainsi qu'un entretien de Tina Barney avec l'historienne de la photographie et curatrice, Sarah Meister. Ces textes permettront de comprendre, d'après les propos de l'artiste, sa démarche et son approche : son intérêt pour la notion de famille et les rituels, sa pratique du grand format, son art de la composition de groupes et de l'instantané, sa conception de la couleur, son goût pour les expériences visuelles complexes et la relation de ses images à la peinture. -
L'épreuve de la couleur
Jacques-Henri Lartigue
- Xavier Barral
- Beaux Livres
- 12 Septembre 2024
- 9782365113946
Figure incontestablement importante de la photographie, Jacques Henri Lartigue est célèbre pour ses images en noir et blanc d'un monde en pleine révolution industrielle.
À l'aube du XXe siècle, il photographie la vitesse et les innovations techniques, se passionne pour l'automobile et les nouvelles possibilités
offertes par la photographie. Parallèlement à ce travail, il commence
en 1912 à photographier de manière radicalement différente
en utilisant une technique directement opposée à sa recherche de vitesse : lAutochrome stéréoscopique sur plaques de verre. Ce procédé l'oblige à changer d'approche car il repose sur une préparation technique minutieuse et un temps d'exposition très long et précis pour ses compositions mises en scène.
Le résultat final n'est pas un tirage mais une double vue stéréoscopique qu'il projette sur un écran.
Lartigue s'attache à représenter des scènes de la vie quotidienne
de son cercle d'amis et de sa famille, des promenades dominicales aux vacances d'hiver. Il remplit le cadre de couleurs vives, dans des constructions graphiques composées d'un mélange de paysages ensoleillés, de visages, de fleurs et de vêtements soigneusement choisis. Pendant la courte période où il a produit ces images (jusqu'en 1927), Lartigue a réalisé 90 Autochromes double vue, présentés ici pour la première fois dans leur intégralité et à l'échelle.
Afin de comprendre l'importance de cette série d'oeuvres et
l'effet qu'elle a eu dans l'histoire de la photographie couleur, ainsi
que la résonance qu'elle continue d'avoir, le corpus d'images est
accompagné d'un commentaire critique rédigé par des spécialistes
qui analysent et donnent les points de référence nécessaires à la compréhension de cette oeuvre. -
Cette nouvelle édition est augmentée de 6 nouvelles histoires ainsi que de 7 nouvelles photographies.
En juillet 1985, Sophie Calle a été invitée, ainsi qu'Hervé Guibert, Jacques Monory et Denis Roche, à projeter et commenter mes photographies au Théâtre antique d'Arles. Denis Roche clôturait le programme avec une merveilleuse idée. Dans l'obscurité, il racontait les instants qui précédaient sa décision de prendre une photo, puis il montrait l'image le temps d'un déclic ". C'est par ce récit, Déclic, le déclic de l'appareil photo aussi bien que celui du cerveau dans lequel l'idée surgit, que Sophie Calle ouvre Parce que. Comme Denis Roche, elle entreprend d'y raconter la raison, ou du moins une raison, qui l'a poussée à appuyer sur le déclencheur. Inversant ainsi le rapport de primauté naturel entre une image et les mots qui l'accompagnent,
Sophie Calle soulève une réflexion sur l'influence que peuvent avoir ces derniers sur notre réception de la photographie. Celle-ci ne se révèle d'ailleurs qu'a posteriori, dissimulée dans l'interstice de la reliure à la japonaise. Loin de se réduire à de simples légendes, ces mots - une pensée, un récit ou une interrogation - n'adhèrent pas de manière conforme à l'image qui les accompagne : ils marquent, au contraire, un fort contraste avec elle, le plus souvent avec malice, parfois avec nostalgie.
Sophie Calle signe ainsi un ouvrage à la conception originale, qui s'inscrit dans la continuité de son oeuvre impertinente et poétique. -
Stephen Shore a passé sa vie à photographier les paysages ruraux et urbains de son pays et à documenter leur évolution. Publié à l'occasion d'une grande exposition rétrospective à Paris, ce livre aborde le travail de Shore à travers un prisme inexploré : celui du véhiculaire.
Figure de proue de la scène américaine, Stephen Shore a passé sa vie à photographier les paysages ruraux et urbains de son pays et à documenter leur évolution. Publié à l'occasion d'une grande exposition rétrospective à Paris, ce livre aborde le travail de Shore à travers un prisme inexploré : celui du véhiculaire. Il montre comment le photographe a utilisé les différents moyens de locomotion (voiture, train, avion et même drone) pour explorer, visiter et expérimenter le territoire, et comment ses voyages ont façonné son travail. Le territoire, thème majeur de la photographie américaine en raison de la géographie si particulière du pays et de ses grands espaces, est intimement lié à la société américaine elle-même.
Depuis l'une de ses premières séries en noir et blanc, Los Angeles
en 1969, jusqu'aux célèbres American Surfaces et Uncommon Places, Stephen Shore accorde une place importante à l'automobile, qui passe du statut de sujet à celui de moyen photographique. La voiture sera toujours utilisée pour la photographie, et cette relecture de l'oeuvre de Shore vise à observer comment le vernaculaire américain, le mode de vie des Américains, est rendu visible par Stephen Shore grâce au véhicule. L'ouvrage explore une dizaine de séries importantes jusqu'à son travail le plus récent. Le photographe s'est engagé dans une expérimentation continue, notamment en utilisant le drone dans les années 2020 pour témoigner des traces de l'aménagement du territoire qui façonne de nouveaux espaces. Les images du livre sont accompagnées d'un entretien inédit entre Clément Chéroux, directeur
de la Fondation Henri Cartier-Bresson, et Stephen Shore, qui apportera un éclairage nouveau sur le travail du photographe. -
Septembre au Chili : 1971/1973
Raymond Depardon, David Burnett
- Xavier Barral
- Beaux Livres
- 7 Septembre 2023
- 9782365113700
Raymond Depardon découvre le Chili en septembre 1971, accompagné du journaliste Robert Pledge, alors que le pays fête le premier anniversaire de l'élection de Salvador Allende.
Cofondateur du parti socialiste et soutenu par une coalition d'Unité populaire, le président chilien souhaitait mettre en place la voie chilienne vers le socialisme avec, notamment, la nationalisation de secteurs majeurs de l'économie et les réformes agraires. Depardon photographie alors dans les rues de la capitale, à Santiago, les manifestations festives en soutien au gouvernement d'Allende. Il va également se rendre dans les terres du sud à la rencontre du peuple Mapuche qui se bat pour le droit de vivre sur la terre de ses ancêtres. Deux ans plus tard, Raymond Depardon et Robert Pledge envoient le photographe américain David Burnett au Chili pour couvrir le coup d'état d'Augusto Pinochet qui fait basculer le pays dans une dictature militaire. Les images de Burnett, qui viennent compléter et enrichir le reportage de Depardon, seront récompensées en 1973 par la Robert Capa Gold Medal Award. Publiée à l'occasion des 50 ans du coup d'état qui provoquera également la mort du président Salvador Allende, cette publication propose de revenir sur les événements entourant cet autre 11 septembre, celui de 1973, où les foules joyeuses photographiées par Depardon sont remplacées, sous l'objectif de Burnett, par des images de la répression sanglante qui leur a succédé. L'ouvrage est composé de deux parties, l'une consacrée aux photographies de Depardon, l'autre à celles de Burnett avec, pour séparation entre ces deux, la reproduction du cliché iconique du photographe chilien, Leopoldo Vargas, saisissant la dernière image de Salvador Allende vivant, sortant de son palais à la Moneda, l'arme à la main. Ces photographies sont enrichies par des textes d'auteurs chiliens qui font entrer en résonnance le Chili des années 1970 avec le Chili actuel, donnant à voir les enjeux de ce pays, 50 ans après le coup d'état. -
Sergio Larrain, la photo perdue
Catalina Mena
- Xavier Barral
- Beaux Livres
- 19 Septembre 2024
- 9782365114127
Sixième titre de la collection TXT, créée en 2018, La photo perdue apporte un nouvel éclairage à l'oeuvre du Chilien, dans un ouvrage inédit en langue française.
Racontée par la journaliste et auteure Catalina Mena (née en 1966), sa nièce, le livre explore la vie de Sergio Larrain à travers le prisme de sa famille. Afin de résoudre ce qu'elle appelle " l'énigme de cette vie ", le récit biographique reprend l'histoire depuis le début : de la naissance de l'artiste jusqu'à son éducation très imprégnée par le monde des arts avec son père, grand architecte et collectionneur, ainsi que ses différents voyages qui l'amèneront à devenir photographe. Un des axes empruntés par le livre, qui permet de mieux cerner la personnalité de Sergio Larrain, examine les relations qu'il entretient avec ses proches. Comment, par exemple, la complicité qu'il partage avec l'une de ses soeurs, Luz, va être décisive dans les choix qui amèneront Larrain à se retirer du monde. L'auteure décrit d'ailleurs sa propre relation à son oncle comme mystérieuse et fantomatique : " Je n'ai que peu de souvenirs de Sergio, " Queco ", comme nous le surnommions. Il disparut de l'album de famille à la fin des années 1970, même s'il allait et venait déjà depuis de nombreuses années. Il partit pour la Vallée de Limari, dans le centre du Chili, et y vécut pendant plus de trente ans. Dans la fratrie de ma mère, il est celui que j'ai le moins fréquenté. Je ne suis jamais allé le voir, mais son spectre revenait sans cesse, de façon obsessionnelle, dans les conversations avec les proches. Nous, les enfants, entendions parler de lui d'un ton mystérieux, inquiet et, franchement, agacé. Nous n'y comprenions rien. "
Catalina Mena dresse ici un portrait intimiste et sensible. Il permet au lecteur d'entrer au coeur du mythe Larrain et de mieux comprendre son approche de la vie et de la photographie. La biographie est illustrée par des photographies mais aussi des documents inédits, comme ses poèmes manuscrits et des lettres extraites de sa longue correspondance avec Agnès Sire. -
À travers cet ouvrage, Richard Pak souhaite raconter l'histoire singulière de cette communauté et comment elle évolue aujourd'hui avec l'héritage des principes idéalistes d'égalité et de partage qui la fondent.
Tristan da Cunha est une minuscule île volcanique de près de 100 kilomètres carrés découverte en 1506 par le navigateur portugais du même nom. D'appartenance britannique, elle forme un triangle parfait situé au milieu de l'océan Atlantique sud et constitue le territoire habité
le plus isolé de la planète, à huit jours de bateau du Cap en Afrique du Sud, et seul moyen de s'y rendre. Le photographe français Richard Pak s'est tout d'abord intéressé à cet archipel dans le cadre de l'anthologie qu'il a entreprise (Les îles du désir) consacrée à l'espace insulaire.
Comme l'explique le photographe : " L'île, espace de peu de monde, nourrit un imaginaire commun au plus grand nombre. Au-delà de l'éloignement simple, elle induit l'idée d'une rupture avec le quotidien. Les îles fascinent le voyageur comme elles façonnent leurs habitants. Et je ne pouvais trouver guère mieux que Tristan da Cunha pour
entamer un cycle sur l'insularité. "
Au-delà du caractère exceptionnel de l'isolement géographique de Tristan da Cunha, Richard Pak est fasciné par son histoire singulière et les valeurs idéalistes fondatrices de cette communauté. Ses habitants actuels sont tous des descendants d'exilés et de naufragés arrivés à la suite du britannique William Glass. En 1817, alors que sa garnison
quitte l'île, lui décide de rester avec femme et enfants.
Un accord est signé entre la couronne et " the firm ", tels qu'ils s'y désignent. Le document est considéré comme la première constitution de Tristan da Cunha. Ses quelques articles y annoncent notamment : " nul ne s'élèvera ici au-dessus de quiconque " ; " tous doivent être considérés égaux " et " tous les profits réalisés seront partagés
équitablement ". Il n'y a pas de propriété privée, pas de chef, pas d'argent (la monnaie d'échange est alors la pomme de terre), tous s'entraident mutuellement. L'expérience utopique reste dans l'anonymat jusqu'en 1961, quand le volcan s'ébroue. Craignant la destruction totale de l'île, l'entière population est évacuée et propulsée
en plein XXe siècle de la Grande-Bretagne post-industrielle.
Mais les tristanais ne sont pas très impressionnés par ce monde moderne si loin du leur et préfèrent repartir deux ans plus tard. Un véritable camouflet pour une Angleterre qui pensait tant les sauver que les éclairer. Aujourd'hui encore la propriété privée n'existe pas et les
terrains sont communaux.
À travers cet ouvrage, Richard Pak souhaite raconter l'histoire singulière de cette communauté et comment elle évolue aujourd'hui avec l'héritage des principes idéalistes d'égalité et de partage qui la fondent. Il constitue l'aboutissement d'un travail documentaire au long
cours où le photographe vit en immersion avec son sujet, associant la photographie à ses recherches historiques et littéraires. -
Carnets new-yorkais
Jean Christian Bourcart
- Xavier Barral
- Beaux Livres
- 7 Novembre 2024
- 9782365114257
Les images de Jean-Christian Bourcart racontent des fragments d'histoires du monde contemporain dans une écriture photographique qui mêle enquête, expérience personnelle et invention formelle.
" Bourcart ne parle pas qu'une seule langue, mais en invente une nouvelle qui correspond à chacun de ses projets ", souligne Florian
Ebner. Transgressant toutes les règles de la photographie documentaire, son oeuvre immerge le regardeur dans le bruissement du monde et en off re une vision kaléidoscopique : tension, clandestinité, confrontation, saturation, mouvement, révélation, le regard devient fi lmique. En 2020, le photographe a légué ses archives au musée Nicéphore-Niépce. Parmi ce fonds, 48 carnets de recherche composés de tirages 10 × 15 rangés en planches, qui révèlent les préoccupations formelles de l'auteur dans leur constance et leurs variations. Cet " atlas typologique " nous plonge dans l'univers visuel de Bourcart en mettant en relation ses séries les plus célèbres dans le fl ot de la production générale. Vie clandestine des maisons closes, quotidien des quartiers déshérités de Camden - ville la plus dangereuse des États-Unis -, banlieues anonymes, ruines du Wall Trade Center, errances urbaines... Bourcart photographie les foules, la solitude, les traces d'activité ; il traque et interroge notre présence au monde, conscient que la photographie est une fi ction basée sur la réalité de la vie. Conçu comme un facsimilé des carnets originaux, cet
" atlas ", avec son flux de plus de 300 images, nous fait pénétrer dans l'imaginaire du photographe, dévoilant ses obsessions, ses récurrences et sa fascination pour le décloisonnement des formes de représentation. -
À l'écoute des arbres
Anna Cabrera, Angel Albarrain
- Xavier Barral
- Beaux Livres
- 19 Octobre 2023
- 9782365113656
Le duo d'artistes espagnols Angel Albarran et Anna Cabrera entretiennent une relation particulière avec la nature. Source d'inspiration, sujet photographique ou décor presque irréel, elle est toujours, d'une manière ou d'une autre, présente dans leurs images.
Comme un fil conducteur dans leur production, les arbres sont souvent représentés : l'ombre d'une branche, le dessin d'un feuillage devenu abstrait ou encore une silhouette tortueuse au centre du cadre. Seulement l'arbre n'est pas le seul sujet de cet ouvrage. Il s'agit pour eux d'explorer plus largement la relation que l'homme entretient avec la nature. Nous partons du principe que la compréhension de l'homme passe par celle de la nature, non pas telle qu'elle est, mais plutôt comme nous sommes. En restant attentifs et observateurs, nous pouvons percevoir les deux, car nous sommes à la fois témoins et faisons l'objet d'une observation. , précisent-ils. Cela se fait avec l'aide de la littérature, et notamment les écrits d'Hermann Hess, qui partage cette pensée et ce que les artistes expriment. Les photographes mêlent à la manière d'un peintre un équilibre si caractéristique des couleurs à une technicité du tirage hors norme, qui est devenue l'une de leurs marques de fabrique. La feuille d'or vient rehausser les couleurs vives, quand une trace argentée ne souligne pas un reflet, pour nous plonger dans des paysages oniriques et hors du temps. Loin d'idéaliser cette nature, les photographes s'attachent à magnifier l'existant, en nous emmenant dans un voyage chromatique unique qu'eux seuls sont capables d'inventer. -
Éditions Xavier Barral - Valparaiso - Sergio Larrain
Photographies : Sergio Larrain
Textes : Sergio Larrain - Pablo Neruda
Valparaiso
Cette nouvelle édition du Valparaiso de Sergio Larrain est exceptionnelle à plus d'un titre : elle est fidèle à la maquette établie par l'artiste en 1993 en réponse à l'édition originale publiée par Hazan en 1991. Cette version présente pour la première fois des photographies inédites prises entre 1952 et 1992 (120 images au lieu de 38). Ouvrage intime, les notes manuscrites et les textes engagés de l'auteur nous font partager sa vision singulière du monde. Sans oublier le texte de Pablo Neruda, "Le Vagabond de Valparaiso", spécialement écrit pour Sergio Larrain.
Sergio Larrain a traversé la planète photographique tel une météorite. Son souci de pureté, son attrait pour la méditation l'ont conduit à abandonner son métier de reporter et à s'isoler dans la
campagne chilienne. Il se consacre alors à l'écriture et la peinture, tout en continuant à aimer profondément la photographie. Sa pratique se limitait alors à quelques poèmes en image appelés
" satori ", purs moments d'éblouissements.
Sergio Larrain
Né en 1931, le jeune Sergio Larrain grandit au Chili dans une famille de notables éclairés. Très vite, il cherche à s'éloigner de son milieu familial et part étudier à Berkeley, aux États-Unis. D'abord intéressé par les questions écologiques, il va très vite s'orienter vers la photo tout en ne sachant pas très bien comment gagner sa vie. La découverte de l'objet Leica va être déterminante. Il commence à photographier librement au fil des rues à Santiago ou Valparaiso puis devient photographe free-lance. Très impressionné par Henri Cartier-Bresson, son oeuvre et sa liberté, il lui présente son travail sur Los abandonados (les enfants abandonnés des rues de Santiago) lors d'un voyage en Europe. C'est ainsi qu'il se voit proposer de rejoindre la coopérative Magnum en 1960. Sergio Larrain commence alors une carrière de photographe international, réalisant des reportages pour de nombreux journaux. De retour au Chili il mènera un long travail, devenu mythique, sur
Valparaiso en collaboration avec Pablo Neruda qui écrira le texte. Méfiant à l'égard du monde de la presse, il cesse peu à peu de collaborer avec elle pour s'intéresser davantage aux pratiques de la
méditation tout en restant actif au Chili. Dans les années 1980, il va finalement décider de vivre retiré à la campagne pour pratiquer yoga, méditation et dessin jusqu'à la fin de ses jours. Ses archives sont représentées par Magnum Photos. -
Depuis des siècles, les ama - pêcheuses japonaises - nourrissent l'imaginaire nippon. Communauté exclusivement féminine, les ama (qui signifie " femme de la mer " en japonais) se transmettent d'une génération à l'autre leur art et connaissance du milieu marin.
Depuis des siècles, les ama - pêcheuses japonaises - nourrissent l'imaginaire nippon. Ces plongeuses en apnée collectent ormeaux, coquillages et algues dont la venteleur assure une indépendance financière et une certaineaura. Communauté exclusivement féminine, les ama (qui signifie " femme de la mer " en japonais) se transmettentd'une génération à l'autre leur art et connaissance du milieu marin. Libres, intrépides, fortes, gaies, ces plongeuses incarnent une féminité souveraine, loin des clichés. Figures indissociables des récits des origines, elles fascinent depuis longtemps le monde des arts, notamment celui des photographes. Leur lien avec la nature, leur sensualité -elles étaient autrefois vêtues de combinaisons de cotonblanc, désormais en néoprène depuis les années 1960 - etla pratique d'une activité dangereuse ont façonné le mythe.Aux antipodes du stéréotype de la femme japonaiseeffacée, les ama affirment leur singularité : énergie, intrépidité et fierté.
Durant plus de trente ans, le photographe Kusukazu Uraguchi (1922-1988) a documenté le quotidien de certaines communautés situées dans le nord du Japon. Portraits, collectes sur le rivage, départs à bord d'embarcations chargées de paniers, récoltes sous-marine, plongeons répétés, scènes d'intimité et de repos dans l'amagoya - cabane uniquement accessible aux ama : les images d'Uraguchi parlent d'héritage culturel autant que de modernité. Son langage photographique - la force plastique de ses noirs et blancs fortement contrastés, son sensdu décadrage, les gestes saisis dans leur spontanéité - restitue la puissance et la liberté des corps. Un textede Sonia Voss dévoilera le monde mystérieux de cette communauté et un essai du critique d'art japonais Chihiro Minato inscrira l'oeuvre d'Uraguchi dans l'histoire de la photographie contemporaine. -
Homme de lettres et compagnon du mouvement surréaliste, Roger Caillois s'intéresse très tôt au monde minéral dont les formes évoquent pour lui des figures de l'imaginaire. Dès les années 1950, il commence à collectionner des minéraux du monde entier, des « pierres curieuses, qui attirent l'attention par quelque anomalie de leur forme ou par quelque bizarrerie significative de dessin ou de couleur ». Toutes possèdent « une ressemblance inattendue, improbable et pourtant naturelle, qui provoque la fascination ». Agates, pyrites, quartz, jaspe... elles sont autant de fragments de l'univers, d'un monde où rêve et poésie dessinent des analogies avec le monde végétal et animal mais aussi avec celui des hommes. Cet ouvrage présente les 150 plus belles pierres de la collection de minéraux que Roger Caillois a léguée au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, ainsi que la réédition des célèbres textes Pierres, L'Écriture des pierres et Agates pardoxales. Pour la première fois sera dévoilée une collection exceptionnelle créée par l'un des plus grands poètes du XXe siècle.
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Depuis des années, Sylvie Meunier collecte des photographies vernaculaires, des images d'amateurs qu'elle utilise pour tisser des récits imaginaires.
Les romans visuels qui en résultent questionnent à la fois le médium photographique et la littérature : fiction et illusion sont revisitées, interrogées à leurs marges respectives. Intrinsèquement liés dans ses oeuvres, textes et images déroulent une histoire dont Meunier ménage le suspens. Ici, elle déploie les méandres d'un road-movie écrit à la première personne. Le narrateur fuit un événement qu'on suppose traumatique : au fil des highways et des motels, il égrène ses souvenirs d'enfance et celui d'une femme aimée, mystérieusement disparue...
Mister K plonge le lecteur dans une atmosphère mi polar, mi auto fiction. Les instants fugaces se succèdent : tels des flashs, les images aux noirs et blancs ultra contrastés élaborent un récit cinématographique accompagné de la voix off du narrateur : que s'est-il réellement passé ? Qui est cet homme ? Pourquoi fuit-il ? La notion de temps explose, la mémoire se floute. Dans ce
" roman photographique " où alternent images et incises textuelles, Sylvie Meunier mène une intrigue à la limite du fantastique. Les genres se mêlent pour créer une oeuvre singulière : à la fois livre de photos, récit littéraire, fiction cinématographique, investigation psychologique... La puissance visuelle des images, le rythme narratif mené sur le mode du " je " entraînent le lecteur dans un univers à la fois étrange et familier, celui d'une Amérique de la Beat Generation, d'un âge d'or du film noir hollywoodien. -
À l'occasion du centenaire de sa naissance, cet ouvrage propose de redécouvrir, à travers une sélection d'images plus confidentielles, un photographe d'exception.
Trouver un ordre dans le désordre, marcher pour regarder et garder l'oeil ouvert à toutes les surprises : Marc Riboud arpente pendant soixante ans la planète. De la vieille Europe des années 1950, avec ses banlieues ouvrières et ses bals populaires, aux paysages de la lointaine Asie, en passant par les plaines gelées de l'Alaska ou les déserts de la Chine, le photographe saisit " l'image juste ". Originaire de Lyon, Riboud entame à trente ans son grand voyage à travers le monde. Grande-Bretagne, Turquie, Algérie, Afghanistan, Inde, Chine, Japon, Mexique, Vietnam, Niger, Alaska... comprendre le monde requiert une observation attentive et pour se forger une opinion, le photographe se rend là où les sociétés bougent : grève des dockers en 1954 en Grande- Bretagne, Algérie lors de son Indépendance en 1962, Nord Vietnam en 1975, foules de la révolution islamique en Iran en 1979, sans oublier les métamorphoses de la Chine, du Ghana, du Japon... " La photographie ne peut pas changer le monde, mais le montrer quand il change ", soulignait-il. Ses images sont autant de rencontres avec d'autres peuples, que des invitations à découvrir la beauté de l'ailleurs. Au fil des routes poussiéreuses ou enneigées s'esquissent une science des cadrages, une recherche de l'harmonie. " Je tire mon chapeau au Marc géomètre et sensible ", salue son ami Henri Cartier-Bresson. -
À l'occasion du 50e anniversaire de la disparition de Pablo Picasso, le musée parisien dédié au peintre a invité Sophie Calle à investir l'hôtel Salé. Confrontée à la figure d'un des maîtres de l'art moderne, elle a choisi de vider entièrement les espaces du musée - Picasso est expulsé ! - afin d'y installer ses meubles et objets personnels, dans les étages, et de dérouler, au rez-de-chaussée, une fresque imaginée en écho au célèbre Guernica mais composée comme un immense collage des oeuvres qu'elle échange depuis des années avec d'autres artistes. Pour accompagner cette exposition, À toi de faire, ma mignonne, Sophie Calle a imaginé un ouvrage dans lequel elle énumère ses « rendez-vous » avec Picasso. Témoignages des gardiens, tableaux empaquetés durant le confinement, etc. : autant d'histoires déclinées dans cet art du récit si particulier à Sophie Calle.
Conçu comme un livre d'artiste avec son format intimiste et ses alternances de papiers Bible et de création, Picalso immerge le lecteur dans l'univers drôle, poétique et singulier de l'artiste.
Un essai d'Yve-Alain Bois, intitulé Picassiette, recontextualise ces « rendez-vous » dans l'oeuvre de Sophie Calle et revisite ses thèmes de prédilection que sont le souvenir, le manque, la disparition ou encore l'absence. -
Natures vivantes : Images et imaginaires des jardins d'Albert Kahn
Luce Lebart
- Xavier Barral
- Beaux Livres
- 2 Mai 2024
- 9782365113984
Privilégiant une lecture immersive, l'ouvrage mêle images fixes et animées. En écho avec ces images, des créations d'artistes contemporains, réalisées dans et à partir du jardin de Boulogne, prolongent et actualisent les innovations qui, tant formelles que techniques et esthétiques, virent le jour aux jardins d'Albert Kahn.
Philanthrope, globe-trotteur, collectionneur, Albert Kahn était également un grand amateur de jardins. Ses deux résidences, à Boulogne - aujourd'hui devenue musée -, et à Cap-Martin, sur la Riviera, se dressaient au milieu de jardins inspirés de ses lointains voyages. Sapins, fougères arborescentes, roseraies et vergers, essences venues de loin comme les agaves, les ginkgos, les aloès, les cèdres de l'Atlas, les épicéas du Colorado ou encore les bouleaux de l'Himalaya, se déployaient parmi les buissons de rhododendrons ou de jacinthes des bois : au-delà de leur magie horticole, les jardins d'Albert Kahn furent aussi un lieu d'expériences photographiques et cinématographiques.
Durant les trente premières années du xxe siècle, au fil des saisons et des années et en parallèle de son projet des Archives de la Planète, Albert Kahn fait produire des milliers d'images en couleur sur verre, véritables " natures vivantes ", de ses deux jardins de Boulogne et de Cap Martin. Il ne s'agit pas d'une approche botanique descriptive, ni de rassembler des études à destination des peintres comme cela se faisait beaucoup à l'époque. Les opérateurs se saisissent de la couleur pour documenter les jardins à la fois dans l'espace et dans le temps et ce, sur plusieurs années. Cette approche est totalement novatrice : les images réalisées interrogent la puissance du végétal. Fleurs et arbres se font sujets photographiques. Autochromes, plaques stéréoscopiques, mais également filmcolor dévoilent une collection unique au monde et méconnue. À travers le prisme du végétal sont mises en perspective les recherches sur la captation des couleurs du réel (exploration des possibles techniques de l'autochrome), ainsi que les études scientifiques sur la neurobiologie végétale, l'intelligence des plantes, leur mémoire, leurs moyens de communication et leur vie interne (éclosion, épanouissement, caducité). Produits dans un laboratoire situé au coeur du jardin de Boulogne par un pionnier du cinéma scientifique, Jean Comandon, les films La Croissance des végétaux ou encore Épanouissement de quelques fleurs plongent le lecteur dans le merveilleux. Science, cinéma, couleur et poésie se croisent dans un contexte qui voit rayonner la pratique de l'horticulture et le goût pour le jardinage. -
Ce livre rassemble pour la première fois le travail en Irlande d'Akihiko Okamura à l'occasion de la numérisation de ce corpus quasi inédit, accompagné de textes qui contextualisent son travail dans l'histoire de l'époque et celle du médium photographique.
Pendant les Troubles, la lutte pour l'indépendance qui dura de 1969 à 1998, l'Irlande du Nord a attiré un grand nombre de photojournalistes étrangers venu documenter les événements. Certains d'entre eux ont trouvé un sujet qui les touchait personnellement, les poussant à dépasser les codes du photojournalisme. C'est le cas du photographe japonais Akihiko Okamura qui a réalisé un travail unique et remarquable en couleur dans les premières années du conflit, et qui est curieusement encore méconnu aujourd'hui.
Né à Tokyo en 1929, Akihiko Okamura s'est distingué comme l'un
des grands photographes de guerre de sa génération, opérant
notamment au Vietnam au début des années 1960. Il est toujours
très respecté au Japon, mais son travail et son expérience en Irlande, essentiels à la fois dans son oeuvre et pour sa vie personnelle, ont été peu explorés. Okamura est arrivé sur l'île avec sa famille en 1969 et y a vécu jusqu'à sa mort en 1985. Il a photographié son quotidien et les alentours, mais a vite été pris d'intérêt pour le nord du pays et sa lutte pour l'indépendance.
Son attachement à ce pays et à son histoire l'ont conduit à produire l'une des oeuvres photographiques les plus significatives réalisées par un photographe étranger, mêlant à la fois cette simplicité du cadrage et du sujet, très japonaise, à une force dans la composition pour des sujets plus violents. En Irlande, il s'est éloigné du photojournalisme pour développer un témoignage plus personnel. Le choix de travailler en couleur, alors que les reportages de l'époque sont en N&B pour la plupart, et de privilégier des tonalités douces, comme hors du temps,
contrastent avec la violence de l'époque. Ses images semblent se
détacher du réel. Il percevait la permanence du quotidien dans
l'impermanence de la guerre. -
Entre-temps
Raymond Depardon, Serge Toubiana
- Xavier Barral
- Beaux Livres
- 10 Novembre 2022
- 9782365113472
De l'Asie à l'Amérique, de l'Europe au continent Africain, Raymond Depardon a passé sa vie à sillonner le monde. L' « Entre-temps » est pour lui cet espace dans lequel le temps se dissout, un endroit où il retrouve ses habitudes. C'est donc entre deux moments forts, entre deux voyages, qu'il va s'attarder à photographier les petites choses, à l'opposé de ce qu'il voit à l'étranger : des rues parisiennes connues, des cafés, des scènes de vie en famille, des détails de la ville, une forme de solitude urbaine qui le caractérise bien.
Chaque image devient alors un récit unique. Au contraire de certaines séries dans lesquelles les photographies s'enchainent pour créer une narration, les images d'Entre-temps fonctionnent en miroir : l'une répond à l'autre sur la double page du livre, par opposition ou par complémentarité. L'histoire est fragmentée, plus libre, prompt à être réinventée. L'espace-temps est perdu de manière volontaire et devient presque inutile.
L'ouvrage Entre-temps célèbre cette force qu'a l'artiste de projeter des détails de sa propre vie pour les faire résonner dans la nôtre. -
À l'occasion du 50e anniversaire de la disparition de Pablo Picasso, le musée parisien dédié au peintre a invité Sophie Calle à investir l'hôtel Salé.
Carte blanche lui est donnée pour déployer son univers dans la totalité du musée. Artiste conceptuelle et littéraire, fascinée par les thèmes de l'absence et de la disparition, Sophie Calle saisit l'occasion de cette invitation pour orchestrer et mettre en scène la succession de ses biens. Le célèbre hôtel des ventes Drouot a procédé à l'établissement de 482 lots parmi les biens personnels de l'artiste : de son mobilier à sa vaisselle, de ses animaux empaillés à sa collection d'oeuvres d'art. Chaque objet a été répertorié par la maison de ventes et libellé d'une notice descriptive, comme il est d'usage lors d'une vente aux enchères. Tous les lots seront exposés dans les espaces du musée Picasso et publiés au sein d'un catalogue de vente édité par Drout.
Véritable performance artistique, cette exposition donnera à voir tous les objets intimes de Sophie Calle, mis en scène dans les espaces de cette institution. Pour compléter ce geste artistique, l'artiste a imaginé un catalogue fantôme à celui de l'hôtel Drouot : de format identique, présentant l'ensemble des lots, ce fantôme donnera d'autres clés de lecture. Sophie Calle a choisi plus de cent pièces parmi ses biens et a écrit leur histoire singulière. Des objets offerts ou échangés avec d'autres artistes, ou encore collectés au cours de ses voyages ou reçus en héritage : au fil de ces histoires attachées à ces objets se dessine un autre récit, très privé cette fois. Des objets qui racontent des moments de vie privée, des rencontres amoureuses ou artistiques, des secrets parfois. Catalogue Drouot et son fantôme seront proposés ensemble, tels des révélateurs de deux facettes d'une vie.