Filtrer
Rayons
Support
Éditeurs
Langues
Prix
Éditions 2024
-
" Mais... Manel Naher, c'est moi ! " Qui est donc cette autre Manel Naher, qui fait la Une des journaux ? Elle fait de l'ombre à Manel Naher, la vraie Manel Naher, l'héroïne de cette histoire ! Elle ne se rend pas compte qu'elle la met en danger, la vraie Manel Naher, en ayant tout ce succès ? Vous comprenez, si tout le monde se met à penser à cette Manel Naher qui devient célèbre, au lieu de penser à Manel Naher, qui passe ses journées au fond d'une petite librairie...
Eh bien : on risque de l'oublier, notre Manel. Et dans ce monde, si l'on ne pense plus à vous, alors vous mourrez, tout simplement. Penser à quelqu'un, c'est lui donner de la Présence. L'horizon, ici, est barré par les milliers de noms qui s'affichent de toutes parts, et les mendiants ne quémandent qu'une seconde d'attention... Survivre pour certains, devenir Immortel pour d'autres : c'est la Présence qui fait tourner cette ville tentaculaire.
Manel, elle, tournerait volontiers le dos à tout ça ; mais là-bas, au delà des grattes-ciel, il n'y a que le Grand Vide, d'où personne n'est jamais revenu... Léa Murawiec met ici son dessin virtuose au service d'un récit riche et lumineux, au rythme bouillonnant. Son talent et sa maîtrise illuminent ce premier livre enthousiasmant, et on se laisse avec bonheur emporter dans ce Grand Vide !
-
Des vivants : le réseau du musée de l'Homme, 1940-42
Raphaël Meltz, Louise Moaty, Simon Roussin
- Éditions 2024
- 8 Octobre 2021
- 9782901000686
Eté 1940 : la France est occupée. Certains pourtant refusent la fatalité : à Paris, au coeur du musée de l'Homme, quelques ethnologues se réunissent, bientôt rejoints par des gens de tous horizons - avocats, religieuses ou garagistes. Autour de Boris Vildé, d'Anatole Lewitsky, d'Yvonne Oddon, ces visionnaires posent les bases de la lutte qui mènera à la Libération : évasions de prisonniers, passages vers l'Angleterre ou la zone libre, et publication d'un journal clandestin, Résistance.
Mais ces insoumis de la première heure seront bientôt trahis, dénoncés à la Gestapo et, pour beaucoup d'entre eux, exécutés. Avec Des Vivants, Raphaël Meltz et Louise Moaty proposent un scénario d'une grande richesse et d'une profonde intégrité : aucun dialogue n'a été inventé, les paroles prononcées par les personnages sont les leurs. Au terme d'une vaste plongée dans d'innombrables documents d'époque - mémoires, lettres, témoignages, entretiens, journaux...
- ils composent ce récit en s'effaçant derrière la sincérité et la force de ces voix disparues. Simon Roussin, grâce à une mise en scène subtile et un dessin d'une grande maîtrise, redonne vie à ces fragments d'Histoire, déployant avec justesse tout leur souffle romanesque. Ensemble, ils composent une fresque puissante, rigoureuse et émouvante. Surgi très tôt, trop vite détruit, le réseau du musée de l'Homme est peu à peu sorti de la mémoire collective.
Cet album hors normes, à la fois enquête historique, roman de guerre et épopée grandiose, rend ainsi hommage à des hommes et des femmes emportés un jour par cette injonction formidable : résister. Une folle audace autant qu'une évidence ; l'unique moyen, au-delà de tout, de rester vivants.
-
Qu'est-ce qui pourrait changer dans le petit monde de Tulipe ? Chaque élément semble être là de toute éternité, et pourtant tout bouge. Quelques personnages apparaissent, disparaissent, reviennent. Ceux que nous sommes habitués à voir continuent de s'agiter anxieusement. Seul l'amour de Tulipe pour son arbre ne souffre d'aucun mouvement. Il souffre plutôt du silence. C'est vexant pour Tulipe qui, si indolent par ailleurs, fournit des efforts démesurés. « Je t'aime », lit-on dans ce cinquième volume. Ce n'est pas rien. C'est beaucoup trop pour Violette, qui croulerait sous le poids de ces mots. C'est bien peu de choses pour Crocus, pour qui ces mots sont si courts qu'ils se dissipent à peine prononcés. Ce n'est pas vraiment le sujet, semblent murmurer le soleil, la lune et les extraterrestres qui, une fois par millénaire, jettent un coup d'oeil distrait de ce côté de l'univers. Et pourtant. Sophie Guerrive ne construit pas une oeuvre, elle n'a pas l'âme d'une bâtisseuse ; ou ce qu'elle construit, quand on veut parler de Tulipe, n'a rien à voir avec les monuments violemment érigés pour conjurer le passage du temps. Caillou par caillou, brindille par brindille, l'oeuvre de Sophie Guerrive existe, à côté de nous, comme une seconde nature, comme un second monde à côté du nôtre, et qu'on a la chance de fréquenter, parfois, grâce à elle.
-
Sous l'oeil hautain d'un chat impassible, l'auteur avance, hésitant, essayant - vainement - d'échapper aux affres de la Création pour trouver le chemin du succès ! Pendant ce temps, l'éditeur travaille d'arrache-pied sur de nouveaux concepts : poésie pratique ; théories conspirationnistes de plages ; classiques résumés pour lecteurs pressés ! Le libraire, lui, tient bon la barre entre les avalanches de cartons et les demandes impossibles de son alter-ego infernal : le lecteur. Et les bibliothécaires ? ils poussent leur chariots, sans bruit, seuls à savoir qu'ils dominent dans l'ombre ce petit monde qui s'agite en vain. À grands coups de diagrammes abscons, de schémas absurdes et de strips hilarants, c'est le grand portrait du petit monde du Livre que Tom Gauld nous brosse ici, avec humour, finesse et intelligence ! Moins tatoué qu'Augustin Trapenard mais pas moins drôle que Bernard Pivot, Tom Gauld est publié chaque semaine dans le cahier littéraire du Guardian et il s'est imposé, en quelques années, comme l'un des auteurs incontournables du monde Anglo-saxon. Avec ce nouvel album, il nous offre de quoi réveiller notre rentrée littéraire... Lectrices, lecteurs, amoureux des livres de tout poil : voici votre nouveau livre de chevet !
-
"Le loup et l'agneau partageront la même couche, mais l'agneau ne dormira pas beaucoup." Woody Allen. L'Ours Tulipe, contre son arbre adossé, regarde s'agiter vainement ses compagnons : Crocus le Serpent combat son anxiété par une activité de tous les instants, l'oiseau Violette cherche un moyen d'entrer en contact avec le Soleil, son amoureux, et le Caillou désespère de n'être qu'un caillou. La vie ? Un sacré sac de petits tracas et de grandes contrariétés. Mais comme le dit si bien Crocus, avec des pauses crêpes, ça passe. Dans cette fable pleine de tendresse, les grandes questions existentielles prennent corps, poils, plumes ou écailles. Crocus l'hyperactif, Dahlia la taupe timide, Tulipe l'ours stoïcien vivent des amours impossibles, aspirent à une existence enfin comblée. Dans la lignée des Peanuts ou de Mafalda, Sophie Guerrive invente des personnages attachants, symbolisant chacun une fragilité humaine. Tulipe est le reflet de nos névroses, de nos ridicules et de nos grandeurs, dépeints par des paroles sublimes et absurdes à la Nasr Eddine Hodja, où les figures du Savant, du Poète et de l'Idiot se confondent. Ce premier volume paru en 2016 sous un format réduit, inaugure la série Tulipe. Il sera suivi des Voyages de Tulipe, puis de Tulipe et les sorcières, qui clôturera le cycle à la rentrée 2019.
-
Tulipe est toujours sur le départ. Il ne rêve que d'une chose, c'est de prendre son sac à dos et d'arpenter le vaste monde. Mais il y a toujours quelque chose qui le retient : de nouvelles rencontres, ou les vaines tentatives d'escapades de Violette et Crocus, et l'arbre, bien sûr. D'ailleurs, pourquoi partir quand l'aventure s'invite elle-même à son pied ? Sous la forme d'un oeuf, le plus grand des mystères vient troubler la paisible inquiétude de nos petits camarades.
Quand ce n'est pas un oeuf qui refuse d'éclore, c'est une chauve-souris qui refuse de sortir de son trou, ou une oiselle en pleine crise de lissophobie ! Avec ce deuxième opus, les choses se confirment : l'arbre ne bougera pas, Tulipe pas tellement plus. Mais, comme le dit le proverbe, « Un voyage de mille lieues a commencé par un pas. » Mais lequel ?
-
L'heure est grave, et le Mage Pueblo le sait : la Boule de Feu qui alimente leur barrière magique s'étiole et perd chaque jour de sa puissance. Les terribles Maruflans rôdent, et le village sera bientôt à leur merci ! Seul le Sage Patrix peut encore les sauver, mais celui-ci a été exilé, il y a fort longtemps, dans le monde lointain des humains... Bravant les dangers du portail inter-mondes, c'est le fidèle Fernando qui ira chercher le Sage.
Didier, sa moustache, et son petit chien Rocky pourront-ils l'aider dans sa quête ? Prisonniers de la cruelle Reine des Chevoules, perdus dans les brouillards des Marais de Morve, Fernando et le Mage Pueblo parviendront-ils à sauver leur village ? Rocky et Didier reverront-ils leur coquet appartement ? Vous le saurez en lisant Boule de feu, le nouveau livre d'Anouk Ricard et Etienne Chaize ! La bande dessinée a souvent accueilli les expérimentations graphiques détonantes et Boule de Feu porte haut cette tradition.
Corben et Druillet n'ont qu'à bien se tenir : rarement alliance aussi inattendue n'avait dynamité à ce point les codes graphiques du 9ème Art - et nos rétines ! Anouk Ricard fournit personnages absurdes et dialogues ubuesques avec une facilité déconcertante, mariant à merveille héroïsme et humour, avec deux grands H. Etienne Chaize, jonglant avec les techniques - collages, encres, peinture numérique - fait des miracles et crée les décors de ce monde surprenant, nourri par Le Seigneur des Anneaux, les cartes Magic et autres classiques du genre...
Inclassable, drôle et déjantée : Boule de feu est assurément la quête d'héroïc-fantasy la plus brillante de ces derniers années ! -- nouvelle édition enrichie d'un poster et d'une planche d'autocollants !
-
Les saisons existent aussi au pays de Tulipe, et voici qu'arrive l'hiver. Un froid glacial s'abat, plongeant Tulipe et ses amis dans une torpeur et une mélancolie funestes. De menaçants loups apparaissent mêmes au dehors, repoussant Tulipe chez lui. Pour mieux le manger plus tard ? Sont-ils les gardiens d'une puissance hostile ? Les similitudes avec notre monde ne sont pas fortuites. Sophie Guerrive, toujours en délicatesse, offre un contrepoint subtil à l'expérience du confinement, sans sombrer dans l'écueil d'un propos politique littéral.
Chacun ira ici de son interprétation, et c'est là toute la force des pages de cette géniale autrice : Sophie Guerrive nous touche et nous interroge en même temps. Le langage et l'esprit de la série Tulipe est toujours bien ancré, mais il est indéniable que son territoire littéraire s'agrandit de livre en livre, en lorgnant sur les terres de Kafka et de Beckett.
-
Le petit monde de l'ours Tulipe continue de s'agiter à la surface de la terre. Comment faire pour affronter l'existence et ses affres ? Crocus le serpent s'avance dans le désert pour devenir prophète ; Trèfle la tortue tente de retrouver sa mère.
C'est dans les pouvoirs de la poésie que Violette, l'oiselle, place ses espoirs.
Rimes riches, rimes pauvres, verbe prophétique ou divagations ensoleillées :
C'est bien par la parole que chacun cherche à apprivoiser la répétition des jours - et le tenace sentiment d'absurdité qui l'accompagne... Dans le dernier volume de cette trilogie, Tulipe, l'ours philosophe, Narcisse le tatou timide, Cosmos le corbeau cynique et leurs amis questionnent le monde encore une fois. Ils sont les acteurs perspicaces d'un petit théâtre à la portée universelle, construit jour après jour par Sophie Guerrive avec une infinie tendresse. Comment supporter le temps qui passe ? En trois mille ans de civilisation, aucune réponse n'est apparue très clairement... Pendant ce temps, Sophie Guerrive propose un livre réconfortant, bijou d'intelligence, d'humour et de douceur - que l'on referme en se sentant plus léger. Cet ours est sûrement, à sa manière, un peu sorcier.
-
Un buffle pousse de toutes ses forces sur la paroi, enfonçant sa tête dans la roche pour déplacer une île ; c'est qu'une comète, qui file dans le ciel, viendra bientôt heurter la surface et exploser ce bout de terre. Il le sait, il l'a vu dans ses rêves, c'est ce qu'il dit au varan qui le rejoint dans son effort.
C'est ainsi que commence ce récit, formé de plusieurs histoires courtes où les animaux occupent seuls le devant de la scène. Au fil de ces récits, on suit un étourneau perdu en pleine migration, une autruche qui doute, un jeune éléphant apprenant l'histoire du monde... Cet ensemble de paraboles d'une grande force d'évocation nous replonge dans les délices des fables de La Fontaine autant que dans les images tourmentées du Livre de la Jungle. Habilement, Jérémie Moreau parvient à décentrer notre regard et à dépasser l'apologue moral humaniste ; les animaux deviennent des vivants, aux existences et aux beautés singulières.
Après la Saga de Grimr et Penss, Jérémie Moreau, en pisteur qui sait lire les signes et les traces, continue d'explorer, dans ce Discours de la Panthère, les chemins qui mènent aux origines du monde.
-
2030. Paris. Sous l'influence de Games of thrones, les vrais de la street se mettent à parler vieux françois, pour éviter une énième récupération de leur langage par les « bourgeois de m*rde ». Bien sûr, ceux-ci, après s'être approprié la poésie des grands ensembles, vont succomber à cette mode à leur tour. 2050. Les insomnies n'existent plus. Les zumains planifient leurs «nap's» grâce à une appli, au fil de la journée. Plus personne ne manque de sommeil. Le monde entier est de bonne humeur et devient de gauche. L'Oracle pourrait être l'autre nom de Xavier Bouyssou. Chevauchant son imagination désinhibée, il prophétise avec acuité aussi facilement qu'un fortune cookie vous donne votre horoscope. Élevé dans les décombres de la France macroniste, ayant appris à lire en jouant aux jeux vidéos, l'auteur du remarqué Toonzie (éd.2024, 2022) met ici son génie au service de ses contemporains pour les informer de la suite du « game ». Recueil de prophéties aussi drôles qu'effrayantes, ce Livre Oracle vous donne les clefs du monde de demain - ou pas. La mode a eu Paco Rabanne, la course automobile a eu Raël, la bande dessinée a trouvé son prophète, et il s'appelle Xavier Bouyssou.
-
Hans Dubonheur et John Morose sont artistes, et se connaissent depuis toujours. Mais si Dubonheur et ses tableaux de chats connaissent un succès retentissant, le monde de l'Art persiste à laisser Morose à ses portes. Incapable de créer, Morose se retranche inlassablement derrière l'idée qu'il lui manque LE bon pinceau, LA bonne couleur... et refuse de voir qu'il est avant tout paralysé par ses doutes. Mais un jour, son magasin de fournitures préféré est remplacé par une animalerie : quel désarroi ! En lieu et place du pinceau qui aurait tout changé - c'est sûr - Morose rentre chez lui avec, entre ses bras, un adorable petit chien... Dans son petit pavillon décrépi, à l'ombre de l'écrasante maison-atelier de son ancien camarade des Beaux-Arts, Morose rencontre alors le regard dévoué de son nouveau compagnon, et s'émerveille : le destin aurait-il enfin décidé de rebattre ses cartes ? Après « Bob et Sally sont des copains », « Papayou » et « Micro Zouzou chez les maxi-zinzins » (avec Léon Maret), Matthias Arégui continue de célébrer l'amitié en puisant dans les codes du manga autant que dans ses souvenirs de 60 millions d'amis. Il navigue librement entre les registres, nous fait rire (en nous tirant une larme sans qu'on y prenne garde), pour nous parler cette fois, avec sincérité, de la condition d'artiste : créer pour entamer un dialogue avec le monde, tout en étant écrasé par l'idée que personne, peut-être, ne répondra... Sans jamais se départir de son humour, avec un talent sans pareil pour mettre en scène la tendresse, Matthias Arégui signe ici son livre le plus riche et abouti. Un chien, des chats, des doutes - et un fantôme, évidemment : Le Nécromanchien est un récit plein de lumière, aussi surprenant que drôle, aussi élaboré que poignant : l'oeuvre remarquable d'un artiste qui a trouvé son langage.
-
L'ennemi est aux portes de la cité d'Ur. Bientôt, la ville sera mise à sac et disparaîtra des mémoires. Les heures sont comptées : ce petit groupe de citoyens doit prendre la fuite et protéger quelques braises du feu sacré ; partir, portés par le fol espoir de rejoindre la mythique Agartha, où pourra renaître le foyer d'Ur. Le périlleux voyage pourrait durer des années : les haruspices de Tharsis les laisseront-ils passer ? Y a-t-il encore des spirites en Lémuria ? Agartha existe-telle seulement ? Qu'importe, la flamme d'Ur vacille, alors les exilés poursuivent leur chemin à travers tempêtes, cols enneigés et marais saumâtres. Après Hélios (ed.2024, 2016), et Boule de feu (avec Anouk Ricard, ed.2024, 2019) Étienne Chaize reprend son bâton de pèlerin, pour conter l'histoire d'un groupe luttant pour sa survie dans des paysages immenses et fascinants. C'est une lumière, cette fois, qui guide le cortège ; c'est aussi la lumière qui sublime les images époustouflantes d'Étienne Chaize. Il construit au crayon de bois des compositions d'une maitrise technique rare, pour faire d'Ether un livre qui se contemple autant qu'il se lit. Dessinateur magnétique, démiurge habité par un souffle épique : encore une fois, Étienne Chaize impressionne avec un livre qui relève du miracle.
-
Tous les dimanches, Tom Gauld illumine de son talent le cahier littéraire du prestigieux journal britannique The Guardian. Trois ans après Vous êtes tous jaloux de mon Jetpack, voici enfin une nouvelle sélection de ces strips dominicaux ! L'occasion de croiser un James Bond féministe, de recevoir un texto de Dracula et surtout d'apprendre le sens de la vie de la bouche même de Franz Kafka - en même temps que la recette du cake au citron... Nos bibliothèques débordent de livres qu'on a lu, qu'on aimerait lire, qu'on prétend avoir lus, qu'on ne lira jamais, et personne n'en parle mieux que Tom, avec finesse, facétie et tendresse. Plusieurs fois récompensé aux Eisner Awards et régulièrement présent dans la sélection du Festival d'Angoulême, Tom Gauld est en même temps sérieux et absurde, érudit et loufoque. Il marie avec grâce critique littéraire et culture pop, pour nous entraîner dans cet univers incisif, brillant et décalé ! Tous en cuisine !
-
"Voilà une histoire qui s'annonce délicieuse pour qui aime s'ennuyer. ", nous prévient-on au début de cette histoire. Tulipe, moine ventru et débonnaire, vit dans une communauté dirigée par le Prieur Cosmos. La vie est paisible au monastère, rythmée simplement par les heures qui défilent - celle du sermon, celle de la soupe, celle de la sieste. Pourtant, Tulipe et sa quiétude sont un jour troublés par le défi d'un arbre, sous lequel notre ours s'était assoupi : "- Au lieu d'en rêver vainement, auras-tu le courage d'aller trouver le véritable Jardin d'Eden ?" Ce Paradis, dont parle Cosmos dans son sermon, existe-t-il bel et bien? quelles fleurs prodigieuses trouvent-t-on dans ce jardin, quels oiseaux inconnus les butinent ? Tulipe surprend son monde et se met en mouvement ; son voyage lui réservera autant de rencontres étonnantes que découvertes émerveillées - et finalement, que l'Eden soit, ou non, au bout de son chemin, n'est peut-être pas le plus important... Dans ce récit surprenant, d'une grande finesse et d'une grande beauté, Sophie Guerrive nous fait le cadeau de faire vivre à son ours Tulipe une véritable aventure. On retrouve avec plaisir tous les personnages de son univers bien connu (Tulipe, 4 tomes parus), mais rien n'empêche un lecteur nouveau de se plonger dans cet album. Dépaysant ses voix dans un univers médiéval dont elle maîtrise aussi les codes, elle ajoute aux digressions poético-philosophiques de Tulipe une dimension spirituelle, avec pudeur, sensibilité et intelligence : Sophie Guerrive est au sommet de son art.
-
Transformations, visions, incarnations, ascensions, locomotions, explorations, pérégrinations, excursions, stations, cosmogonies, fantasmagories... lithomorphoses, métempsycoses, apothéoses et autres choses... ou comment le sous-titre d'Un autre Monde, plus célèbre ouvrage de J.J.Grandville, pourrait aisément être apposé sur l'oeuvre de Clément Vuillier. L'Année de la comète conte la destruction d'un monde et la genèse d'un autre. Le passage fulgurant d'une météore aux abords d'une planète déclenche une série de cataclysmes et de transformations à sa surface. Bientôt, la glace et la pierre recouvrant l'astre cèdent la place à une activité volcanique et bouillonnante : des formes végétales émergent du sol, grandissent, se colorent, palpitent ; les eaux deviennent mouvantes, s'agitent, et les vagues déferlent sous les nuages tourbillonnants... Auteur virtuose de ce récit muet et magnétique, Clément Vuillier dirige ici une symphonie graphique fourmillant de détails, d'une force et d'une beauté étourdissantes.
-
« Une nouvelle vie s'offre a` vous. Installez-vous en ville ! » : Le prospectus en main, les deux héros de Vers la ville décident de tout abandonner. Quelle direction prendre ?
Peu importe : les routes sont faites pour relier les villes, il doit donc y avoir une ville à chaque bout... De cette errance semée de pluie et de petits tracas, Tom Gauld tire le plus tendre des récits initiatiques. Pour pimenter leur quête, aucun bandit ni tornade : aux effets ronflants, Tom préfère un non-sens typiquement anglais mâtiné de romantisme allemand... Le ciel, la brouette, la tente ou la route prennent tour à tour une dimension cosmique ou absurde - en apportant au récit autant de merveilleux que de mélancolie.
Démiurge écossais, Maître Zen ou Grand Ordonnateur de l'Archi-Minimal, Tom Gauld est d'abord un prodigieux conteur, et on retrouve avec bonheur l'humour absurde, tout en finesse et en nuances, qui faisait le sel de Vous êtes tous jaloux de mon jetpack, son précé-dent livre aux éditions 2024.
Pré-publié dans un premier temps sous forme de chronique hebdomadaire dans Time Out London, ce récit a fait l'objet d'une première édition chez B.u¨.L.b Comix (Suisse) en 2004, sous le titre Move to the city. Indisponible depuis plusieurs années, il était plus qu'urgent de rééditer ce chef-d'oeuvre méconnu.
-
Un matin de 1921, Walt, célibataire endurci et mécano amateur, ouvre sa porte et découvre, abandonné sur son perron, un nouveau-né : Skeezix. Dès lors, les jours qui passent dictent la cadence d'un double apprentissage, de la paternité pour ce vieux garçon un poil empoté, de la vie pour Skeezix, ses premiers pas, son entrée à l'école puis, des années plus tard, son départ pour la guerre...
Profondément touchante, cette série dresse ainsi, avec humour et tendresse, les contours de ce qui fait la vie ordinaire et le quotidien, offrant au lecteur un double, un reflet dans lequel reconnaître et apprécier son existence. Le présent livre propose une sélection des plus belles pages du dimanche de Frank King, superbes respirations au strip quotidien, de grand format et en couleurs elles rendent grâce à ses talents de dessinateur. Promenades, baignades ou parties de campagne : ces pages mettent en avant les joies de l'enfance, les jours heureux des vacances, pendant lesquels la relation filiale se construit avec finesse. Publiées entre 1921 et 1934, ces quatre-vingts planches offrent un aperçu passionnant de cette oeuvre vertigineuse et composent une porte d'entrée idéale vers un univers riche et délicat, dont se réclament Chris Ware et les plus grands auteurs anglo-saxons actuels. Immense classique du strip américain, Walt & Skeezix traverse enfin l'Atlantique ; il était plus que temps.
-
Dans un ciel étoilé, une sphère éclatante traverse la nuit, attirant le regard de façon hypnotique. Alternant plans rapprochés et visions plus larges, le dessin de Clément Vuillier joue avec des contrastes extrêmes et des transformations graphiques pour suivre le voyage de cet objet mystérieux à travers le cosmos. La sphère s'approche enfin d'un astre rocailleux, sorte de lune grise et morte en apparence. Pourtant, sous la surface de ce désert minéral, palpitent des pierres précieuses et colorées. La sphère s'arrête, s'ouvre, et soudain le forage commence, laminant le sol, faisant jaillir des volcans de roches, jusqu'à la grande explosion finale ; seuls quelques blocs éventrés dérivent à présent en apesanteur. L'astre et ses beautés enfouies ne sont plus que poussière et la sphère reprend sa course céleste. Clément Vuillier déploie dans ces images de dévastation toute sa virtuosité; d'où vient cette sphère ? quelles ressources collecte-t-elle ? On ne saura rien de cette exploitation, si ce n'est qu'elle ne laisse derrière elle qu'un vide désolé et un goût de métal dans nos gorges.
-
-
Dans un monde dévasté, près de l'océan, un homme hirsute en tenue d'astronaute vit seul, tel un gardien de phare débraillé des siècles précédents. Machinalement, avec un respect des protocoles et une conscience professionnelle aiguisée, il veille sur le site dont il a la charge, un lieu dont l'intérieur constitue presque un sanctuaire secret, soumis aux règles sécuritaires les plus strictes, en raison de sa grande dangerosité : une centrale nucléaire.
Pourtant, cette centrale n'est plus que ruines. Les toitures sont effondrées, le béton des réacteurs est fissuré depuis longtemps, le vigile que le gardien s'efforce de saluer n'est qu'un hologramme qui, sans explication, reçoit toujours l'électricité nécessaire à son activation... Dans cette grande cathédrale, bâtiment mythique de la puissance de la Techno-science, les procédures du Gardien se muent en rituels, le silence et les ombres se chargent peu à peu de donner une âme aux lieux, et notre Robinson esseulé, dans son délire, fait de ce sanctuaire nucléaire un temple accueillant les esprits des aïeux.
Imaginée en contrepoint à Soon (scénario Thomas Cadène, paru chez Dargaud en 2019), UOS est une exploration graphique de l'univers de l'Effondrement, une ballade sensorielle au pays du retour en grâce, parmi les ruines, d'un être humain à l'écoute des Esprits et de la Nature.
-
"- La Guerre fait de la pâtée des héros et des justiciers". Le soldat Firmin et son Capitaine arpentent une ligne d'horizon sans fin. Tandis que le Capitaine, sentencieux et sûr de lui, soliloque sur l'Ennemi à pourfendre, Firmin ironise sur leur situation de soldats en errance : séparés de leur régiment, ils cherchent à retrouver le front. Mais ce chemin n'est pas tracé, et la bataille semble se jouer toujours un peu plus loin...
Faute de fracas et de combats, nos soldats traversent une nature silencieuse ; pourtant, si la Guerre semble se dérober, ses stigmates sont tout aussi assourdissants... Un vieillard qui sombre dans la folie, une mère près d'un bûcher, une auberge pillée : les notes se font dissonantes et viennent ébranler la foi et la raison de nos deux compères. Firmin, tantôt candide, tantôt piquant, et le Capitaine, que son amour de la Patrie aveugle souvent, déambulent d'une rencontre à l'autre, comme menés par un invisible joueur de flûte - et leur voyage devient initiation.
Nourri par Beckett et Buzatti, Clément Paurd nous parle ici de nationalisme, d'aveuglement et d'absurdité. Sans jamais quitter ses deux personnages ni changer de cadrage - à la façon d'une pièce de théâtre - il s'appuie sur un vocabulaire formel limpide et conctré, ce qui donne toute sa force à son récit. Il traite ces thématiques intemporelles avec délicatesse et intelligence, nous offrant ainsi un livre d'une grande finesse et d'une lucidité implacable.
-
Jean et Cosmiel ont été touchés par la grâce des Instances supérieures ! Ils ont été libérés des contingences de leur corps physique : matières éthérées flottant dans l'univers, nos deux compères entament une déambulation curieuse à travers différents mondes : la Lune, le Soleil, Pluton... Silencieux et contemplatif, leur voyage est aussi rythmé, de loin en loin, par les leçons de métaphysique triviale que le sage Cosmiel prodigue à Jean le novice. Au commencement, il y a «le Voyage extatique céleste», d'Athanasius Kircher, jésuite allemand du XVIe. Cet ouvrage métaphysico-scientifique, superbement illustré, relate un trip étrange dans un univers aux lois révolues. Kircher, lui, se situe quelque part entre génie précurseur et cancre illuminé. Auteur de moult traités dans moult domaines, on lui doit bien quelques belles intuitions ; mais au final, ses errances (hélas, nombreuses) l'ont plongé dans un relatif oubli, même si, convenons-en, elles le rendent éminemment sympathique.
Démiurge lui-même, Clément Vuillier triture cette matière à loisir et fait de ce «Voyage» une immersion superbe dans son propre univers.
-
L'auteur de cette parodie de livre scientifique du XIXème siècle démonte une à une les théories couramment répandues, avant de décrire ce qu'était véritablement la vie quotidienne de nos paisibles aïeux. Enfin, grâce à la découverte d'un manuscrit oublié dans les rayons poussiéreux de la lointaine bibliothèque de Bichkek, le lecteur apprendra l'unique et véritable raison de leur extinction. Ce livre permet de découvrir le colossal travail de gravure sur bois de Donatien Mary, plusieurs fois sélectionné au concours « Jeunes Talents » du festival d'Angoulême et participant à la nouvelle formule de la revue Lapin à L'Association. Ses images fortes soutiennent un texte de Didier de Calan, savant mélange d'humour et de poésie, dont la densité d'analyse n'a d'égale que la probité scientifique !