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Faux accords, premier tome de Connexions paru en 2020, croisait les histoires de plusieurs personnages situés à un tournant de leur existence. Une opportunité professionnelle, une rupture douloureuse ou bien un accident les mettait souvent face à des choix de vie épineux. Pierre Jeanneau nous embarquait dans un récit choral servi par un dessin nerveux et un dispositif formel original, alliant décors fixes en représentation isométrique et procédés inspirés du théâtre et des jeux vidéos.
Châteaux de sable développe de nouvelles trouvailles graphiques et ajoute de nouveaux fils à la toile narrative. Des personnages apparaissant au second plan du premier tome deviennent les protagonistes de celui-ci, et inversement. À l'instar de Julian et sa soeur Audrey, dont la famille a été percutée de plein fouet par les événements des précédents chapitres, ou de Déborah et Samuel, dont la vie est chamboulée par l'arrivée de leur premier bébé. Tout ce petit monde gravite autour du Rossignol, un squat associatif à l'existence menacée.
Certains rêvent de fonder un foyer, d'autres luttent pour mettre à l'abri une famille d'exilés... Tous, à leur manière, doivent composer avec un environnement urbain qui leur résiste. Intense, émouvant et finalement apaisé, ce deuxième et dernier tomeapprofondit le portrait d'une génération qui tente de se bâtir un avenir. -
Prévu en deux tomes, Connexions est un récit labyrinthique qui se déroule dans une grande ville contemporaine. Dans chacun des six chapitres de ce premier opus, nous suivons un personnage différent. Son histoire commence dans une pièce, dans un recoin de la page. En se déplaçant, il fait apparaître peu à peu son environnement, en vue isométrique, à la manière de certains jeux vidéos. Pierre Jeanneau parsème son récit de zooms sur des éléments du décor - une photographie, une lettre - autant d'indices permettant au lecteur de reconstituer le passé des personnages. Comme dans un roman de Georges Perec, les lieux et les objets sont partie prenante de la narration. Récit générationnel, Connexions met en scène de jeunes adultes entrant tous dans une nouvelle période de leur vie : changement professionnel, perte de figure parentale, naissance d'un enfant, retour de voyage, etc. Mais on découvrira d'autres connexions entre ces individus dont les vies s'entremêlent subtilement...
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Roxane, jeune fêtarde fauchée, enchaîne les beuveries et les après-midi d'ennui. Pour arrondir ses fins de mois et pimenter son quotidien, elle décide de vendre ses sous-vêtements sur internet.
Roxane vend ses culottes retrace ses premiers pas, de la création de son profil coquin aux rendez-vous avec des client·e·s aux pratiques plus ou moins excentriques... On suit également Roxane dans sa vie quotidienne, faite de soirées arrosées avec sa colocataire, d'histoires d'amour avortées et de repas interminables avec une mère envahissante. Mais sa nouvelle activité confronte bientôt Roxane à un monde étrange, bien différent du sien. Dans quel engrenage a-t-elle mis le doigt ?
Enchaînant les séquences tour à tour gênantes, hilarantes, glauques ou touchantes, Roxane vend ses culottes donne à réfléchir sur les limites de la prostitution, la notion de consentement ou encore les rapports de domination économique dans un monde où tout se vend et se négocie.
Armée de son style expressif et d'un sens du détail certain, Maybelline Skvortzoff revisite avec un humour trash et féroce les codes du soap opera et dresse le portrait d'une jeune femme à la fois paumée et déterminée qui peut rappeler la série Fleabag de Phoebe Waller-Bridge par son humour grinçant et sa liberté de ton.
Maybelline Skvortzoff naît en 1993 à Paris d'une mère cambodgienne et d'un père russe. Elle ingurgite à l'adolescence des dizaines de films d'horreur ou encore les bandes dessinées de Robert Crumb et Joe Matt, puis part étudier la bande dessinée à Bruxelles. Roxane vend ses culottes est son premier album. -
La voie de l'éveil intérieur est longue et délicate. Sauf si l'on trouve un raccourci dans son sous-sol, via une machine à laver magique... C'est ce qui arrive à Daisy, une jeune adolescente nouvellement arrivée dans son lycée et qui a du mal à se faire des amis. Une dimension supérieure, pleine de vibrations étranges et de sensations bizarres, habituellement cachée et uniquement accessible aux esprits éclairés, devient son terrain de jeux sacré.
Mais la pureté et l'innocence n'ayant qu'un temps, ce jardin d'Eden sera rapidement envahi et profané par d'autres, moins sensibles à sa fragilité. En 96 pages, Jesse Jacobs nous raconte cette fable new age de paradis perdu et d'enfants plus tout à fait innocents avec un dessin faussement naïf et une approche détonante des couleurs, opposant la monochromie de la réalité suburbaine subie par les personnages à la palette acidulée du monde artificiel dans lequel ils se réfugient. Comme dans ses autres ouvrages publiés chez Tanibis, les pages purement narratives sont entrecoupées de séquences fantasmagoriques dans lesquelles Jacobs, mêlant régularité géométrique et imagination psychédélique, donne à voir les créatures et les sensations indicibles qui peuplent cet espace secret. Sous la maison, initialement publié au Canada par Koyama Press, est le troisième roman graphique de Jesse Jacobs.
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De livre en livre, Jesse Jacobs bâtit un monde régi par des lois physiques biscornues et peuplé d'espèces improbables, un monde dans lequel la banalité du quotidien se retrouve insidieusement déformée par l'étrange. Compilant deux récits publiés à l'origine par l'éditeur italien Hollow Press, ce nouvel opus n'échappe pas à la règle.
Entre mes murs suit un jeune couple en visite immobilière. Vécue comme une intrusion, cette visite est racontée du point de vue de la maison. Car oui, entre autres particularités, la maison est vivante. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle est hostile au genre humain...
Le deuxième récit Parmi les bêtes relate l'histoire d'un enfant recueilli et élevé par des créatures étranges mais attentionnées au milieu d'une lande inhospitalière. Il partage ses observations, décrit le mode de vie et les comportements de l'espèce, d'une bizarrerie aussi merveilleuse que répugnante. Mais les monstres ne sont peut-être pas ceux que l'on croit...
Empruntant ses thématiques au cinéma d'horreur, Jesse Jacobs met son dessin méticuleux au service de deux contes fleurant bon la noirceur et la misanthropie.
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À première vue, le monde de Mauretania ressemble au nôtre. On y prend le bus ; on y enchaîne les petits boulots ; on s'y remémore le passé avec nostalgie... Mais plus on le regarde de près, plus il paraît étrange. On y croise un détective enquêtant sur des immeubles qui disparaissent du jour au lendemain ; on tombe au coin de la rue sur une arche romaine qui semble avoir été construite la veille ; on y rencontre enfin « Monitor II », personnage énigmatique investi d'une lourde mission : veiller à l'équilibre du monde... Cette anthologie réunit de nombreux récits publiés à l'origine au Royaume-Uni entre 1985 et 1990 dans lesquels les règles du temps et de l'espace, ainsi que de la causalité sont malmenées, tordues, jusqu'à l'absurde. On voit poindre dans Mauretania des ingrédients issus du récit de genre - on y trouve par exemple des éléments de science-fiction, des enquêtes policières... - et un discret humour tout britannique. Mais de la même façon que le monde qu'il bâtit semble comme altéré, Chris Reynolds, que le dessinateur Seth décrit comme « l'auteur le plus sous-estimé des vingt dernières années », prend un malin plaisir à tordre les structures narratives classiques, à déjouer les attentes des lecteurs pour produire quelque chose d'indicible et de mystérieux.
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Cité irréelle rassemble cinq histoires où il est question de passion et de haine, d'amour et de cruauté, d'hommes et de femmes jouant au chat et à la souris, cinq histoires déstabilisantes où, comme dans un film de David Lynch, les apparences sont souvent trompeuses. L'auteur s'amuse à plonger ses personnages tourmentés dans un univers mouvant, plein de chausse-trappes. Pour retranscrire les émotions complexes et parfois contradictoires qu'ils ressentent, il met en oeuvre des structures narratives sophistiquées. Il construit ainsi un des récits comme un ruban de Moebius, donne à un autre une structure en miroir, il alterne les points de vue et multiplie les faux-semblants tout en restant toujours assez clair pour ne pas perdre le lecteur. Le graphisme de Bryant impressionne nos rétines par sa finesse, sa précision et sa diversité. Son trait n'est pas sans rappeler celui de Daniel Clowes (influence revendiquée, puisque celui-ci sert de modèle à un personnage), mais aussi celui de Steve Ditko ou encore des cartoons Hanna-Barbera. Cité irréelle est le premier livre de l'auteur américain DJ Bryant, diplômé de l'Art Institute de Seattle.
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Un personnage dont le corps se compose de boules s'aperçoit qu'il les perd une à une. Son médecin lui prescrit une cure sur le « Plateau ». Il y fait la connaissance d'autres patients pèlerins et noue amitié avec un homme fait de tubes qui s'encrassent. Commence alors une quête à travers les différents niveaux de cette zone mystérieuse, des coupoles du « Palais des remords » au « Sanctuaire de l'Oubli » où ils se voient administrer des traitements pour le moins originaux.
Le parcours de nos deux malades, baladés et malmenés par des thérapeutes alternatifs et autres gourous, résonne comme une introspection onirique voire mystique, emplie d'angoisses et de symboles. Mort, désintégration, peur, entraide, amitié, horreur pure : qu'y a-t-il de l'autre côté du ravin ?
Un an après La vague gelée, emg revient au dessin 3D et à l'univers teinté d'absurde de son premier album tremblez enfance z46. Alliant graphisme radical et exploration intime, volt évier z82 ressemble à un long cauchemar déstabilisant, mais aussi à un jeu où les indices fourmillent et laissent l'esprit se perdre et se retrouver.
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Un beau jour du XVII siècle, le facétieux mathématicien Pierre de Fermat écrivit dans les marges d'un livre : «J'ai trouvé une solution merveilleuse, mais la place me manque ici pour la développer. » Un énoncé fort simple pour un théorème qui sera démontré... plus de trois siècles plus tard par le mathématicien anglais Andrew Wiles. Alexandre Kha délaisse le temps d'un court album le genre fantastique pour une approche plus documentaire, s'apparentant à son travail pour la revue Topo. En retraçant l'histoire de ce théorème mythique, c'est une histoire des mathématiques en accéléré que nous délivre Alexandre Kha, mais c'est aussi pour lui l'occasion de relater une série de destins romanesques, une galerie de portraits de personnages en quête d'absolu, allant de l'anarchiste matheux Évariste Galois à Sophie Germain en passant par Paul Wolfskehl, que le théorème sauva du suicide. Adoptant un trait plus épuré qu'à l'accoutumée, Alexandre Kha s'essaie à des mises en page élaborées et propose des métaphores graphiques percutantes aux concepts présentés, tout en restant parfaitement lisible. À noter que ce récit figurera dans l'exposition permanente de la maison natale de Pierre de Fermat à Beaumont-de-Lomagne.
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Les monstres fragiles et les rescapés des nuits rouges se sont trouvés un sanctuaire aux abords de la ville... Après Les Monstres aux pieds d'argile et Les Nuits rouges du théâtre d'épouvante, Alexandre Kha propose une nouvelle plongée dans son bestiaire fantastique, prenant cette fois-ci comme cadre une "Foire aux Freaks".
Olympia, femme-automate inventée par un certain Zacharius, en est une des attractions principales. Arthur Grisham, le bibliothécaire adepte du bizarre, y amène son ami Antoine. Antoine tentera de percer les secrets de l'automate au risque de tomber amoureux... Olympia est une version féminisée du fameux automate joueur d'échecs de Kempelen et Mælzel qui fascina l'Europe aux XVIII et XIX siècles. Cette « Ève future » continue ici ses tournées loin des cours luxueuses, au milieu des losers, des chimères et des junkies du petit cirque. Entre les représentations, elle approfondit son exploration de l'humanité et son libre-arbitre, interrogeant les sentiments et l'identité du pauvre Antoine. Entrecoupant le récit principal d'intermèdes en ombres chinoises narrant le passé d'Olympia, ce conte nous fait naviguer dans un jeu de citations luxuriant, éclectique comme un cabinet de curiosités, les sources d'Alexandre Kha se trouvant aussi bien dans la pop culture (il réanime pour l'occasion le duo Iggy Pop-David Bowie) que dans la littérature fantastique du XIXème d'E.T.A.
Hoffmann ou de Jules Verne, en passant par la science-fiction de Philip K. Dick.
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Dans ce second opus pour Tanibis, Sylvie Fontaine trace le voyage intérieur d'une jeune femme au sein d'un univers polymorphe et halluciné.
Miss Va-nu-pieds naît page après page, à la manière d'un flip-book. Elle abandonne sa chambre et ses lectures pour explorer la ville et en dévoile peu à peu toute la magie. Au gré des rencontres, des trappes ou des accidents, elle s'applique à toujours avancer, donnant ainsi vie à un univers foisonnant et expressionniste. Protagoniste essentiel de l'aventure, ce pays des merveilles fonctionne suivant le principe de métamorphose cher à Sylvie Fontaine (exploré dans son livre Le poulet du dimanche) : que ce soit de manière cubiste ou symbolique, les lieux se transforment sans cesse. La ville fantôme deviendra ainsi forêt luxuriante, cauchemar kafkaïen ou rêve surréaliste. Fuite effrénée et quête intérieure, cette course sans fin amène le personnage à s'affiner peu à peu et elle acquiert, sans un mot, une identité toute féminine et insolente. -
De l'harmonie brisée d'une jungle luxuriante aux toits enneigés d'une Babel industrielle, Blood Song conte l'odyssée d'une jeune réfugiée. Contrainte à la fuite par l'invasion, puis le saccage de son île d'origine, la traversée d'un océan la conduit aux portes d'une mégalopole insatiable, où les hommes sont des ombres sans visages, où les musiciens sont réduits au silence. L'itinéraire d'une déracinée ordinaire acquiert, sous les traits d'Éric Drooker, la dimension d'une fable contemporaine et politique, mélange de mythologies ancestrales et modernes.
Éric Drooker offre au lecteur « un canal direct vers le coeur même de la jeune héroïne », dont les battements résonnent comme de possibles échappatoires à la noirceur du monde, et préfigurent les révoltes qui submergeront la ville dans Flood !.
Préface de Joe Sacco.
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Un mauvais rêve, l'abandon, le temps qui s'allonge, une pomme et des branches qui poussent?: autant d'ingrédients pour une adaptation très libre de La métamorphose de Kafka.
À noter qu'en 2012, Alexandre Kha réalisa une nouvelle version de ce récit pour l'album Les monstres aux pieds d'argile. -
Les ombres blanches ; les tribulations d'arthur grisham
Carrier Herve
- Tanibis
- 1 Mars 2003
- 9782848410005
La prodigieuse mémoire d'Arthur Grisham lui permet d'apprendre des livres entiers par coeur. Enfermé dans un grenier, ce Shéhérazade des temps modernes raconte alors de nouvelles mille et une nuits à ses visiteurs. Mais vouloir se substituer à la mémoire du monde l'expose à des menaces : un livre en particulier fera basculer son destin. Statues ensablées, siffleurs nocturnes, funambule ascétique, chat furtif, peintures vivantes et villes invisibles jalonnent l'imaginaire débridé de cet adolescent lunaire, égaré entre le rêve et la réalité. Premier ouvrage publié par les éditions Thot l'Ibis (la revue "Rhinocéros contre Eléphant"), "Les Ombres blanches" est aussi le premier tome des tribulations d'Arthur Grisham.