Ces articles inédits ont paru majoritairement dans Les Nouvelles littéraires, Marianne et Vendredi.
Journaliste, Bost s'intéresse à tous les aspects de la littérature, aux écrits comme à tout ce qui constitue le monde littéraire. Il discute aussi bien des relations entre l'auteur et son éditeur que des prix littéraires, souligne le devoir des descendants envers l'oeuvre des grands écrivains ou commente les intrigues. Il salue l'intérêt du roman policier tout en le replaçant dans la hiérarchie des genres, se désole qu'il n'y ait pas en France de véritable tradition de littérature enfantine, repère les failles du discours des tenants du «roman populiste», qui occupe le devant de la scène littéraire au tournant des années 1930...
Les articles réunis dans Flots d'encre et flots de miel font voir la diversité d'approche (analyse, panorama, anecdote, etc.) et des sujets traités, lesquels entrent bien souvent en résonance avec notre temps.
C'est tout particulièrement le cas du texte qui donne son titre au recueil dans lequel Bost s'interroge sur la crise du livre découlant du fossé qui ne cesse de se creuser entre l'écrivain et son public. Les gens ne lisent plus, ou plutôt lire, remarque Bost, «n'est plus qu'un exercice de l'oeil», comme en témoigne l'apport toujours plus envahissant du visuel dans l'imprimé, sans compter que le lecteur fait désormais autre chose tout en lisant. Bost se trouve à esquisser en quelques traits un aspect de la crise de civilisation des sociétés industrielles, qui depuis n'a fait que s'aggraver.
Ses chroniques littéraires offrent non seulement le point de vue pénétrant d'un lecteur curieux des lettres de son époque, mais contribuent à mieux situer le romancier et son travail d'écriture.
Des auteurs prennent la plume à propos d'un grand aîné écrivain dans l'art du roman. «Françoise SAGAN fut de ces quelques écrivains qui m'ouvrirent la porte de la littérature et du théâtre. Grâce à elle, j'accédais à un nouveau monde. «Bonjour tristesse» et «Château en Suède» furent de véritables chocs littéraires. » Myriam Thibault «J'ose écrire ce portrait de Marguerite DURAS, autour de quelques promenades que nous avons faites en Normandie, mon pays natal. Elle connaissait la région comme sa poche... Marguerite me confiait mille anecdotes au débotté, intimes et féroces. Son vrai visage m'apparaissait : ses obsessions tragiques, ses peurs, ses décrets furieux, sa belle dinguerie littéraire.» Patrick Grainville «A votre Simone de BEAUVOIR, je dénouerai le chignon. Parce qu'elle chapitra à longueur de pages les femmes soumises, vassales, auxiliaires, dévouées, oublieuses d'elles-mêmes, on n'a pas voulu voir cette femme coquette qui se fendait de lettres d'amour sottement passionnelles. C'est cette Simone-là que j'aime : la grande amoureuse, la jolie capricieuse, la demanderesse d'affection.» Bénédicte Martin «Je me vois toujours en train de lire un livre de COLETTE. C'est ma drogue dont je prends, chaque matin, une dose en ouvrant, au hasard, un volume des oeuvres complètes de mon idole qui m'a aussi servi de guide pour explorer Lesbos.» Jean Chalon «Si je n'avais pas lu Madame de STAËL, ma vie aurait simplement été tout autre... Et puis cette phrase qui agit comme un précepte, une ligne de conduite littéraire : «C'est pour les malheureux qu'il faut écrire.»» Lilian Auzas
Roman particulièrement émouvant, Faillite est ce que Bost appelle un «vrai livre», qui appartient au registre du «grave».
Le personnage central de Brugnon est un homme d'âge mûr qui est une sorte d'homme pressé, l'homme de son siècle. «Siècle des moteurs, siècle des machines, de l'effort brutal mais trompeur, brillant mais vain...» En plein contrôle de sa vie, il ne saurait concevoir qu'un jour il puisse perdre pied.
C'est pourtant ce qui lui arrive.
«Un mauvais dieu nous guette tous...»: tel est le slogan publicitaire qui accompagne Faillite lors de sa sortie. Bost cherche la fêlure, le moment de la cassure, qui précède la chute.
Le choix de ce qu'on pourrait appeler une écriture de la maturité fait corps avec Brugnon. Elle confère au texte une valeur objective, à laquelle contribuent la vérité des dialogues et la finesse de l'analyse psychologique, jamais trop appuyée.
D'une remarquable densité dans la concision, le réalisme de Bost est implacable, comme Brugnon, entier dans sa passion, est désemparé.
Entre les deux, sans dosage excessif, bien calibrée, loge une émotion qui est toute la vérité.
C'est ce qu'on appelle du grand art.
A toutes les époques, les fées ont charmé les hommes en quête de merveilleux : elles savent réenchanter le monde. Qu'en est-il lorsque la baguette de ces dames s'emberlificote en s'en mêlant ? Les Fées inverse frôlent alors la correctionnelle avec leurs voix de fées. Rien ne les arrête. Surtout quand elles chassent en meute, les dérapages se multiplient. On se demande que fait la police pour arrêter la Fée Tide, la Fée Blesse, la Fée C et autres comparses dans leurs forfaits à répétition. Dans ce périple à travers le temps et l'espace - les deux derniers véritables luxes - le narrateur se joue des textes de Perrault, Grimm, Andersen, Kipling, Rabelais, Jules Verne, Marcel Aymé, Blondin, Déon, Céline, et de bien d'autres. Il tourne en farce les contes, mythes et légendes qui ont façonné notre imaginaire de lecteur en trente aventures picaresques hilarantes. Ce voyage d'un adulte au pays revisité de sa jeunesse est une ode au rêve procuré par la littérature. Ajoutez-y l'érudition, l'humour et la verve : vous obtenez un livre au charme inclassable, écrit avec un style éructant, «hénaurme», qui sied à merveille à ces Fées déviantes. Dans leur grande bonté, elles se sont penchées sur cet ouvrage... détourné. Il mérite bien le prix des lectrices en balais ! Qu'on le lise et qu'on se le dise pour solde de tout conte.